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Un an et demi plus tard... Criminalisation de l'homosexualité en Ouganda : un nouveau pas de franchi sous prétexte d’un rejet de l’Occident





Le 21 mars 2023, le Parlement ougandais a voté une loi qui punit encore plus sévèrement les homosexuels dans le pays. Seulement deux députés sur 389 s’y sont opposés. Cette nouvelle législation durcit la loi anti-homosexuelle en vigueur dans le pays depuis l’époque de la colonisation britannique. De lourdes sanctions (allant de la peine de prison de 10 ans jusqu’à la peine de mort) seraient maintenant envisagées contre quiconque fait la promotion de l’homosexualité ou ne dénonce pas un proche homosexuel par exemple. Ces mesures seraient justifiées pour “protéger la souveraineté et la morale du pays”, d’après les mots de la présidente du Parlement, Annet Anita Among. 


En d’autres termes, comme les autorités du pays assimilent l’homosexualité à l’Occident (le président, Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 37 ans, a notamment déclaré que “les pays occidentaux essaient d’imposer leurs pratiques [dont l’homosexualité] à d’autres peuples” et a qualifié les homosexuels de “déviants”), ces nouvelles mesures répressives contre les homosexuels permettraient de protéger le pays de l’occidentalisation et de ses conséquences qui sont perçues comme négatives dans le pays (libération des moeurs, domination idéologique, politique, etc.). 

Or cette “explication” est totalement erronée car la législation anti-homosexuelle est précisément un héritage… des lois coloniales britanniques ! 


En réalité, dans toute l’Afrique de l’Est, l’homophobie est très prégnante car l’homosexualité y est considérée comme un crime. Plus exactement, sous l’influence du christianisme évangélique, mouvement qui prend de plus en plus racine dans cette région du monde, l’homosexualité est désignée comme une pratique “contre-nature”.

Ainsi, déjà dans le passé, cette minorité sexuelle a vu ses droits mis en danger ; par exemple, en 2012, l’ONG Sexual Minorities Uganda a dû suspendre ses activités de défense des personnes LGBT+ dans le pays car le gouvernement désignait cette ONG comme “indésirable” et, en 2014, un projet de loi a été proposé pour condamner à la prison à vie tous ceux qui se livreraient à des pratiques jugées comme “homosexuelles” mais ce projet a finalement été rejeté par la justice. 


Cette nouvelle loi contre l’homosexualité prend donc prétexte d’une lutte civilisationnelle, en s'appuyant sur le clivage Nord-Sud qui ne date pas d’hier, pour bafouer les droits humains d'une partie de la population, discriminée en raison de son orientation sexuelle et considérée comme des “citoyens de seconde classe”. 



Mathilde Vince


Sources : France Inter, Le Monde, TV5 Monde

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