Dans la nuit du dimanche 5 février au lundi 6 février 2023, le sud-est de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie ont été frappés par un tremblement de terre de magnitude 7,8, provoquant l'effondrement de nombreuses habitations et la mort d’au moins 50 000 personnes, selon les dernières estimations disponibles, un mois après cette catastrophe. Cela en fait un des séismes les plus meurtriers du début du XXIè siècle.
Même si ces deux pays ont été touchés par le même séisme, les réactions et aides internationales ont été différentes.
Contrairement au séisme de 2011 pour lequel Erdogan, Premier Ministre à l’époque, avait refusé toute aide extérieure pour affirmer l’autosuffisance de son pays, cette-fois-ci, la Turquie a rapidement lancé une demande de soutien à la communauté internationale pour l’envoi d’une aide matérielle et humaine. Cet appel a reçu une réponse favorable de la part de nombreux pays, dans les jours qui ont suivi la catastrophe. Par exemple, l’Espagne et la France ont décidé d’envoyer une centaine de personnes de la Sécurité Civile pour aider à la recherche de survivants dans les décombres. Fait remarquable, le premier pays à proposer de l’aide à la Turquie a été… l’Ukraine, avec l’envoi de secouristes. Cela peut notamment s’expliquer par le fait que la Turquie est déjà venue en aide à l’Ukraine, dans le contexte de l’invasion russe, en lui fournissant des drones.
En revanche, la communauté internationale a eu des réactions beaucoup plus mesurées vis-à-vis de la situation post-séisme en Syrie. Ce pays est, en effet, isolé sur la scène internationale et sous le coup de nombreuses sanctions à cause de la guerre qui le gangrène depuis une douzaine d’années. Toutefois, la Russie, par un communiqué, a proposé "toute l'assistance nécessaire" au pays. Cela lui permettrait en réalité de renforcer son alliance avec le régime syrien par rapport à l’Occident. La France, quant à elle, est dans une position assez délicate car partagée entre le respect des sanctions internationales et son lien historique avec ce pays (ancien protectorat français).
L’acheminement d’une aide humanitaire permet donc à de grandes puissances, mais aussi à des puissances moyennes, de se saisir des conséquences d’une catastrophe naturelle pour en faire un événement politique et ainsi améliorer leur aura sur la scène internationale. Par exemple, l’Union européenne s’est montrée très réactive sur le sujet, démontrant alors sa solidarité et son ouverture sur l’extérieur. Cela peut être vu en quelque sorte comme une “diplomatie d’opportunité”.
Les ONG et acteurs humanitaires présents sur place en Turquie et Syrie insistent cependant sur le fait que cette aide d’urgence doit absolument se prolonger sur le long terme pour être véritablement utile, notamment en aidant à la reconstruction.
Mathilde VINCE
Sources : France 24, France Info, Géo, Le Monde, Marianne
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