En 2019, le Réseau de prévention des crises alimentaires indiquait qu’au Sahel le nombre de personnes en besoin d’aide alimentaire immédiate avait doublé en raison des conflits armés: quels liens unissent les enjeux économiques régionaux et les guerres locales ?
Le Sahel est une zone désertique traversant l’Afrique d’est en ouest. Cette bande de territoire marque la frontière entre le Sahara et les savanes pour une dizaine d’États au développement économique faible. Pourtant cette zone regorge de ressources minières très prisées. En effet, elle regroupe certains des plus gros gisements de fer, d’uranium, et de phosphate, souvent exploités par des entreprises étrangères. Dans cette zone, les investissements directs étrangers sont très importants pour l’économie et les enjeux financiers sont énormes, passant parfois au-dessus des priorités vitales des habitants.
Les intérêts économiques menacés par l’instabilité de la zone ne sont pas seulement locaux. Par exemple, au Mali, afin de contrer les velléités d’indépendance du Mouvement national pour la libération de l’Azawad, et du mouvement salafiste djihadiste Ansar Dine (financé par le Qatar), l’armée gouvernementale est appuyée par des troupes de différentes régions du monde. Le doute naît toujours du mélange des genres. Entre la défense des intérêts économiques occidentaux et l’intervention militaire justifiée pour limiter l’influence qatarie dans la région, quelles réalités géopolitiques ce conflit donne-t-il à voir ? En effet, la France, la Chine et la Belgique sont les pays qui ont envoyé le plus d’hommes au Sahel. Ils font également partie des pays qui ont le plus d’intérêt économique dans la zone. Par ailleurs, le Canada compte au moins quatre sociétés minières sur le sol malien et l’on retrouve également dans cette zone des entreprises allemandes.
Bien que la plupart des investissements miniers soient d’origine privée, on peut se demander à juste raison si la défense de ces investissements ne serait pas la cause première de l’envoi de troupes par des gouvernements occidentaux jaloux de leurs intérêts. Pour le savoir, il pourrait être judicieux d’explorer les liens qui unissent ces investisseurs privés et les gouvernements de leurs pays d’origine pour déterminer jusqu’où va la coïncidence.
Chloé Lamic
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