Bientôt l'eau vaudra de l'or
Avec l’avènement du réchauffement climatique de nombreux problèmes vont émerger ou s’intensifier. L’un d’eux se trouve être le stress hydrique. De nombreux cours d’eau ou réservoir en eau à travers le globe sont progressivement en train de s’assécher. L’un des exemples les plus marquants est l’assèchement du Tigre et de l’Euphrate connues pour être l’élément central d’un des berceaux de l’humanité: la Mésopotamie. Mais la zone du globe où cette catastrophe environnementale à venir comporte le plus de risque de dégénérer en un conflit dévastateur est l’Asie de l’Est. La Chine et l’Inde sont les deux pays les plus peuplés du monde, et de loin (près de 1 Milliards et demi d’habitants pour chacun d'eux), ce sont de plus deux puissances nucléaires et militaires. Les tensions entre ces deux pays ne sont pas nouvelles, durant la guerre froide les relations entre ces deux pays étaient glaciales et même si leur relation commerciale s’est grandement améliorée depuis, ils n’en restent pas moins des adversaires commerciales et culturelles.
Qui dit barrage dit assèchement...
Le problème concernant ces deux puissances vient du partage de cours d’eau traversant ces deux pays, dont le principal est le Brahmapoutre (Yarlung Zangbo en chinois). A l’instar de ce qui se passe actuellement avec le Nil en Éthiopie, la Chine étant en amont du fleuve, l'Inde est impuissante concernant la politique de barrages que mène la Chine. C’est justement un projet de barrage qui a ravivé les flammes entre ces deux pays il y a de cela un an. L’annonce du projet d’un super barrage par la Chine sur ce fleuve (l’un des plus grands du monde) a été reçue avec beaucoup d’inquiétude par l’Inde. Et cela peut se comprendre car si du côté chinois les chiffres ont de quoi faire rêver : une production de 70 millions de kilowattheures, sans « aucun équivalent dans l’histoire. » selon Yan Zhiyong, président de la Power Construction Corporation of China, de l’autre côté pour l’Inde la conséquence pourrait être désastreuse avec l’assèchement progressive d’un cours d’eau essentiel à la survie de la population locale. De plus, cela pourrait en cas de dégradation des relations entre les deux pays devenir un argument de poids et un moyen de pression conséquent permettant à la Chine d’arriver à ses fins dans des conflits clés comme celui de la domination du territoire du Cachemire. Sans compter les risques d’accidents qui toucheraient directement l’Inde vu que ce barrage se situera vraisemblablement à quelques encablures de la frontière sino-indienne.
Projet contre projet
Pour l’instant la réaction officielle Indienne a été plutôt modérée. Elle a déclaré vouloir à son tour ériger un barrage sur ce fleuve mais cela ne devrait pas indisposer la Chine outre-mesure. Le porte-parole du gouvernement avait de plus déclaré que le pays « surveille attentivement toutes les avancées autour du fleuve. Le gouvernement a constamment fait part de ses vues et de ses préoccupations aux autorités chinoises et les a exhortées à veiller à ce que les intérêts des États en aval ne soient pas lésés par des activités dans les zones en amont ». Ce à quoi la porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Hua Chunying, a rétorquée que la construction d’un tel projet était « le droit légitime de la Chine». Si la situation ne semble pas s’être envenimée en un an, la faute entre autre à la crise du covid et à des tensions interétatique plus préoccupante à gérer pour nos deux protagonistes (la montée de la pression américaine pour Pékin et le prolongement de la petite guerre froide entre l’Inde et le Pakistan), nul doute qu’un rien pourrait enflammer la situation. Et lorsque l’on connaît les forces en présence et leurs arsenaux respectifs (atomique comme humain) nul doute que les conséquences pourraient être désastreuses et ce dans des proportions dépassant largement les simples frontières Indo-chinoises.
Par Thomas PEQUIGNOT
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