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Que reste-t-il pour Haïti ?






L'actualité des émeutes en Guadeloupe rappellent durement à la France à son lien ancien avec les populations ultramarines. « Neg’ Marrons, battez-vous pour la liberté ! » disait-on en un autre temps car, rappelons-le, Haïti a, elle aussi été une terre française. La musique résonne encore dans l’air moite de Cité Soleil, plus grand bidonville de Port-au-Prince. Les habitants chantent à la mémoire de tous les aïeux déportés d’Afrique et de leurs descendants qui ont foulé la terre d’Haïti.



Haïti, surnommée la Perle des Antilles, était autrefois un grand exportateur du précieux sucre de canne et vivait sous le régime de l’esclavage imposé par la Couronne de France. À l’issue de la Révolution Française, l’île a su gagner son indépendance et se dégager du joug de Napoléon Bonaparte qui souhaitait y rétablir l’esclavage. En contrepartie, Haïti s’est engagée à rembourser une dette colossale pour garantir sa liberté, dette qui a fortement pesé sur l’avenir du pays.



L’île s’est pourtant hissée au rang de grande destination touristique dans les années 60 et 70. Mais, décidément damnée, elle a vécu la dictature de la famille Duvalier qui s’est enrichie au détriment de la population. Un temps, l’espoir a rejailli quand la démocratie semblait revenue. Puis le tremblement de terre de 2010 a bouleversé l’équilibre déjà fragile du pays. Comme un funeste symbole, le président Jovenel Moïse vient d’être assassiné chez lui par un commando, le 7 juillet 2021, laissant derrière lui un pays tourmenté par la pauvreté, une criminalité galopante et un fort mécontentement populaire. Finalement, que reste-t-il pour Haïti ?



Le développement des infrastructures du pays est à l’arrêt. On dit que le président ne décide plus. L’avenir d’Haïti serait même entre les mains de conglomérats étrangers. À quoi bon voter maintenant ? L’île a pourtant un potentiel touristique énorme avec des plages paradisiaques, un climat tropical et de nombreux sites historiques. Sans compter l’armada d’écrivains qui participent au rayonnement culturel de la francophonie. La France aurait-elle oublié sa petite sœur, née des idéaux des Lumières et de la Révolution ? Une chose est sûre, Haïti chérie devra encore se battre pour sa liberté.


Guillaume Touré


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