Comment faire de l’audience à l’approche des élections ? Comment faire parler de moi pour que je puisse présenter mes ambitions politiques aux Français ? Voilà les questions que se posent sûrement les chaînes d’informations ou les hommes et femmes politiques.
Si on peut retenir une chose de la dernière élection présidentielle ou législative, c’est peut-être l’intensification de la radicalité du débat politique. Cette radicalité, incarnée par les extrêmes, se retrouve dans les positions prises et défendues corps et âme dans des petites phrases qui font le bonheur des médias. Le choquant, l'inattendu fait de l’audience et ainsi, on relaye ces propos, on parle de son auteur qui trouve alors son compte. Il y a ainsi une certaine complicité entre le politique qui souhaite faire parler de lui et des médias qui le relient (“Je serai 1er ministre“ Mélenchon). C’est une situation à double tranchant pour le politique, d’une part son audience s’élargit : Il s’élève pour dire haut et fort son point de vue et montre qu’il n’en a aucune honte ce qui renforce sa base électorale et tente d’attirer de nouveaux fidèles en s’adressant à un plus grand public. Mais d’autre part, il est en proie aux critiques de ses adversaires soulignant par exemple l’extrême radicalité de son point de vue ou profitent de cette occasion pour mettre en avant ses mésaventures sur d’autres sujets. Mais une surmédiatisation peut également avoir l’effet inverse sur le grand public : un sentiment de rejet, de lassitude peut se créer envers cette personne.
Cette situation pollue la scène médiatique et politique, et ne correspond pas à ce qu’on devrait attendre d’un débat démocratique avant des moments aussi cruciaux.
On peut peut-être différencier deux types de déclarations chocs :
- Les propos incongrus reflétant ou non la pensée de son auteur. Ce sont les petites phrases particulièrement intéressantes pour le journaliste, car ce seront probablement les mots accrocheurs de son article qui marqueront les esprits et dont on se souviendra par la suite. On pourrait la caractériser ainsi : elles sont "involontaires" et l’auteur souhaiterait à tout prix les faire oublier.
On peut citer par exemple : “La République, c’est moi ! ” Jean-Luc Mélenchon lors de la perquisition d’une de ses permanences.
- Les phrases “ slogan ”. Elles sont là pour marquer les esprits de par leur singularité et seront souvent répétées dans le discours du politique. Elles peuvent choquer ou clarifier une part de réel qu’on ne souhaite pas dire tout haut tout en faisant des généralités (“La police tue” LFI), montrer l’importance d’une situation ou d’une politique à mettre en œuvre (“Nous sommes en guerre”/Le “quoi qu’il en coûte” Macron 2020).
Mais dans tout ça se pose alors la question du rôle du journaliste vis-à-vis du politique. Doit-il laisser dérouler le discours préalablement préparé du politique souvent tiède ou chercher lui à tirer les vers du nez pour qu’il dise ce qu’il pense vraiment ? Doit-il être plus simplement le rapporteur des questions que se pose la population ? Voilà des questions complexes nécessitant plus que ces quelques lignes…
Cependant, ce qui est sûr est que les médias vivent de l’argent, soit l’audience en d’autres termes et au vu des bénéfices engendrés, la solution n'émergera pas de ce côté. Le moyen de couper court à cet engrènement revient au spectateur de ce jeu médiatique. Rester impassible devant des propos polémiques, ce n’est pas les normaliser, mais c’est plutôt accorder le juste intérêt qu’ils méritent.
Par Stuart BENOLIEL
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