Quand on rentre dans la classe de Martine, on est frappé par l'odeur : ça sent la pâte à modeler, la peinture à l'eau, l'alcool des feutres et le crayon à papier. On pourrait dire que cela sent l'innocence, pourtant les choses ne sont pas si évidentes. Dans le cadre d'un projet pédagogique mené par Mediaparks, je suis allée rencontrer Martine, professeure à l'école des Gantelles de Rennes, afin d'initier la philosophie aux plus petits. Assise en cercle face à une dizaine d'enfants, on a posé la question : "qu'est-ce qu'il faut pour un débat ?" Pour très vite aboutir au sujet central des "choses qui fâchent". Plusieurs propositions sont alors ressorties : obliger quelqu'un à jouer à un jeu, l'obligation d'avoir les mêmes idées ou encore lorsque des frères et sœurs se disputent : dès le plus jeune âge, les enfants sont plongés dans des formes subtiles de violences physiques et mentales.
Suite à cet échange très riche en informations et en perceptions de leur monde enfantin, chacun des élèves a pu dessiner quelque chose qui les fâchait. Paradoxalement, à l'idée qu'un enfant à l'âme innocente, ces dessins reflétaient de manière colorée des violences déjà brutales. Par exemple, lorsqu'un camarade les bousculait ou les tapait à la récréation.
Finalement, ils sont déjà plus grands qu'on ne le croit ; ils savent estimer ce qui est bien ou ce qui est mal, mais souvent à travers la perception de ce qui fait du bien et de ce qui fait mal. Ils ont déjà conscience qu'ils ont un avis personnel.
Cela a pour effet de pouvoir les laisser s'exprimer, s'ouvrir et d'être à l'écoute des autres pour résoudre pacifiquement les problèmes. En résumé, à leur permettre de trouver leur place dans le monde.
Gwladys DURIN
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