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Le nucléaire civil : risques et enjeux.




La gestion des risques posés par le nucléaire civil, par son caractère mondial, illustre l'évolution de nos sociétés vers une mondialisation des compétences et des connaissances. Sur la question du nucléaire, les acteurs nationaux et internationaux sont nombreux.



Moins connu du grand public que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), mais bien plus ancien, le Comité scientifique des Nations unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants (United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation, UNSCEAR) est une émanation de l'ONU qui produit des rapports réguliers, et dont les travaux ont notamment servi de base au Traité sur l'interdiction partielle des essais nucléaires de 1963. Ses rapports sont également les principales références pour le Commission internationale de protection radiologique dont les recommandations sont la base des différentes réglementations en matière de radioprotection.



En France, l'organisme chargé du contrôle de ces réglementations est l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). Elle est à l'origine, en 1999, de la création de L'Association des autorités de sûreté nucléaire des pays d’Europe de l’Ouest (Western European Nuclear Regulators Association, WENRA) dont la Russie et l'Ukraine sont des observateurs. L'Union Européenne a également sa propre structure : Le Groupement européen des autorités de sûreté nucléaire (European Nuclear Safety Regulators Group, ENSREG)



En parallèle de ces organisations gouvernementales, de nombreuses structures ont des positions militantes sur le sujet. On pense notamment

- en France, au Réseau Sortir du nucléaire, à l'association NégaWatt, à The Shift Project

- à l'international, à Greenpeace.


Le risque majeur est la fusion du cœur d'un réacteur. Elle survient lorsque les crayons de combustible commencent à surchauffer puis à fondre. Elle se produit en particulier lorsqu'un réacteur cesse d'être correctement refroidi, lorsqu'il est en activité ou lorsqu'il a été arrêté depuis peu.



C'est ce qui s'est passé notamment lors des catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima et lors de l'accident de Three Mile Island. L'une des causes principales d'une fusion du cœur peut être une coupure de courant dans la centrale et une défaillance des systèmes d'alimentation électrique de secours, mettant à mal les systèmes de refroidissement. L'un des enjeux de sûreté est qu'un accident de fusion du cœur reste confiné à la centrale.



Le risque supplémentaire est celui d'une explosion et/ou d'un incendie. Dans ce cas, des matériaux radioactifs sont mis en suspension dans l'atmosphère, formant ce qu'on appelle communément un nuage radioactif entraînant potentiellement des retombées sur une très grande surface. Les explosions sont provoquées par un fort dégagement d'hydrogène, par radiolyse de l'eau (Tchernobyl) ou par oxydation du zirconium (Fukushima).



En dehors de tout accident, le fonctionnement normal de l'industrie nucléaire pose le problème de la gestion des déchets. Ces déchets sont classés en fonction de l'intensité de la radioactivité (très faible, faible, moyenne, haute) et de leur durée de vie (très courte, courte, longue). La durée de vie longue commence à partir d'une demi-vie de 31 ans, mais celle du plutonium est de 24 110 ans. Cela signifie que l'intensité de la radioactivité du plutonium est divisé par deux tous les 24 110 ans, ce qui le rend potentiellement dangereux pour des centaines de milliers d'année.



Pour les déchets les plus problématiques (déchets de haute et de moyenne activité et à vie longue), la solution qui est envisagée en France est celle du stockage géologique profond, à 500 m de profondeur, dans une couche d’argile stable à proximité du village de Bure. Malgré tous les dangers décrits, la production d’électricité nucléaire a été en hausse constante entre les années 70 et les années 2000 passant d’une centaine de TWh à environ 2500.

Cela s’explique essentiellement parce que le bilan énergétique de la fission est sans commune mesure avec les autres moyens de production. Un gramme d’uranium produit l’équivalent de plusieurs dizaines de tonnes de pétrole, ce qui, d’ailleurs, relativise un peu la problématique des déchets nucléaires dont les volumes sont limités.



Depuis le début des années 2000, la production est sur un plateau, sous la pression des organismes anti-nucléaire et en raison de l’impact de la catastrophe de Tchernobyl. Celle de Fukushima en 2011 l’a également fait infléchir.



Mais depuis quelques années, on assiste à un changement de discours. Le caractère indéniable des émissions de dioxyde de carbone sur le dérèglement climatique redore un peu le blason du nucléaire qui en rejette peu. Les énergies renouvelables, bien que très vertueuses également au regard de l’évolution du climat, présentent l’inconvénient d’être irrégulières et non pilotables.



D’un point de vue économique, le kWh le plus important est le dernier produit lors des pics de demandes, qui se produisent en général l’hiver, la nuit, quand il fait froid. S’il n’y a ni soleil, ni vent, les panneaux solaires et les éoliennes ne sont d’aucune utilité. Le nucléaire présente l’avantage d’être pilotable,. Il permet de faire évoluer rapidement la production en fonction de la demande, les deux devant être ajustées en permanence pour éviter le black-out.


Pour tenter de respecter les accords de Paris signés en 2015, qui prévoient de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport au début de l’ère industrielle, plusieurs organisations estiment que le développement du nucléaire est indispensable.


Par Noël DEBARLE



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