Depuis les années 2010, Vladimir Poutine a lancé un grand chantier de modernisation de l'armée russe. Parmi les aboutissements de ce projet, nous trouvons la mise en place à Kaliningrad de missiles Kinjal début 2022. Leur portée est de 2.400 km, c'est-à-dire qu'ils couvrent quasiment toute l'Europe. Ces nouveaux missiles sont beaucoup plus menaçants que les Iskander qui ne vont pas au delà de 500 km.
Du côté de la mer, les pays nordiques se sentent également sous la menace russe. La Suède et la Finlande, qui ne font pas partie de l'OTAN, s'interrogent sur une possible adhésion. La Suède renforce son dispositif militaire sur Gotland, une île grande comme la moitié de la Corse et située à peine à quelques centaines de kilomètres de Kaliningrad.
L'inquiétude est également grandissante dans les pays baltes. Ceux-ci pourraient se retrouver isolés si les Russes opéraient la jonction entre Kaliningrad et la Biélorussie. La trouée de Suwalki qui se situe entre la Pologne et la Lituanie n'est longue que de 65 km et constitue une zone particulièrement vulnérable. Dans ce scénario catastrophe, l'OTAN verrait sa capacité de soutien à la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie particulièrement affaiblie.
Du point de vue de la Pologne, la Russie est perçue comme une très grande menace depuis les événements de 1939 avec l'invasion du pays suite au pacte germano-soviétique. Les dirigeants des deux pays ne s'apprécient guère et n'hésitent pas à le faire savoir. Un général Polonais a par ailleurs revendiqué Kaliningrad, même si ce territoire n'a jamais été polonais.
Et les habitants de Kaliningrad, quels impacts vont-ils subir ?
Chaque année, la quasi-totalité des marchandises arrivant depuis la Russie (6 millions de tonnes) vient par voie terrestre et transite via la Biélorussie et la Lituanie. Idem pour l'électricité de la région qui provient de Biélorussie et transite par la Lituanie. Depuis début avril, la Lituanie n'importe plus de gaz russe. Début avril, toujours, elle expulse l'ambassadeur de Russie pour les crimes de guerre commis par l'armée russe. La tension entre les deux pays n'est pas au bénéfice de Kaliningrad.
Enfin, les sanctions économiques imposées à la Russie risquent d'impacter fortement l'exclave. La baisse du rouble va fortement pénaliser les importations nécessaires pour l'oblast et le pouvoir d'achat des habitants va être sévèrement impacté.
L'avenir de Kaliningrad est très incertain, est-ce qu'il restera dans le giron russe ? Deviendra indépendant ? Rejoindra l'Europe ? Ou sera l'épicentre d'une guerre entre Russie et Occident ? Ce territoire pourrait se retrouver sur le devant de la scène en cas de conflit ouvert.
Par Ludovic DENEUVILLE
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