Usain Bolt, Kylian Mbappé ou encore Micheal Phelps. Tout le monde connaît ces sportifs professionnels, preuve de l’impact universel du sport. C’est un outil d’influence sur la scène internationale faisant intégralement partie du soft power d’un pays. Cette influence atteint son paroxysme lors des Jeux Olympiques, durant lesquels le pays organisateur est sous le feu de tous les projecteurs. S’ils sont à l’origine une simple compétition sportive, c’est aujourd'hui l’occasion d’une communication mondiale. Alors depuis quand se sont-ils politisé ? Quels sont les enjeux géopolitiques des JO ? Quelles en sont les fonctions sous-tangentes ?
L’entrée dans la Guerre Froide marque le début de l’instrumentalisation des Jeux Olympiques qui deviennent une arme géopolitique importante. Le choix des villes se politise et se façonne en fonction du contexte international contemporain. Se dessinent alors trois fonctions tacites de la compétition.
Fonction 1 : Appuyer un Etat
Certains JO ont pour objectif d’affirmer la reconnaissance d’un Etat pour l’inclure davantage sur la scène internationale. L’attribution de la compétition à Rome en 1960 et à Tokyo en 1964 est une marque de pardon pour les vaincus de la Seconde Guerre mondiale tandis que les Jeux de Séoul (1988) adoucissent les relations américano-coréennes et ceux de Pékin (2008) intègrent la Chine dans le monde occidental. En 2016, l’existence d’un monde multipolaire est reconnue grâce aux jeux au Brésil.
Fonction 2 : Marginaliser un Etat
S’ils peuvent servir d’approbation, les JO permettent aussi de marginaliser des pays afin de leur infliger une sanction géopolitique mondiale suite à une conduite jugée intolérable. Ainsi, le Japon et l’Allemagne se voient retirer le droit de participation aux JO post Seconde Guerre mondiale. En 1999, les Talibans en Afghanistan proscrivent la pratique du sport pour les femmes, ce qui se solde par une radiation des Jeux. Plus récemment, suite à la guerre russo-ukrainienne, les athlètes russes n’étaient pas unis sur le drapeau russe, mais sous un acronyme de substitution : ROC (Russian Olympic Committee). De fait, la Russie n’est pas reconnue officiellement comme participante à l’édition 2022.
Fonction 3 : Protester contre un Etat
Les nations conviées aux Jeux peuvent elles-aussi exprimer leur mécontentement face à l’attribution du lieu de la compétition par le boycott, c’est-à-dire la non participation des athlètes du pays aux Jeux. Les boycotts apparaissent pour la première fois lors des jeux de Melbourne en 1956 : l’Egypte, le Liban et l’Irak refusent de participer en réponse à l’intervention franco-britannique sur le canal de Suez. Les jeux de Moscou en 1980 sont aussi largement boycottés car l’URSS vient d’envahir l’Afghanistan.
Les Jeux Olympiques sont donc le moyen de faire passer des messages politiques aux différentes nations. Pour les pays organisateurs, ils promettent même un rayonnement mondial.
Les Jeux sont en effet source d’une communication à l’échelle planétaire. Plus de 10 000 athlètes de près de 200 pays s’illustrent devant 4 milliards de téléspectateurs. Cet audimat exceptionnel est perçu comme un investissement par le pays recevant les sportifs puisque l’image que le sport crée contribue à la considération et à la compétitivité.
Ainsi, l’obtention des JO 2024 par la France est pour elle une véritable victoire. Après trois défaites consécutives pour obtenir l'organisation des Jeux en 2012, signe de son déclassement mondial, elle pourra faire la démonstration de sa puissance économique et infrastructurelle. Paris fait le pari d’une compétition à coût minime : seulement 6,6 milliards d’euros de budget, bien loin des 11 milliards déboursés par Londres en 2012, ou des 40 milliards de Pékin en 2008. Pour cela, le pays peut compter sur un socle solide d’infrastructures : près de 94% des bâtiments et équipements sportifs sont déjà construits et opérationnels. Si le projet aboutit, les JO de Paris 2024 seront l’un des seuls à être rentables, signe d’une stratégie économique robuste et efficace. Ces jeux constituent donc pour la France un réel levier de puissance.
Bien plus qu’une simple compétition sportive, les Jeux Olympiques apparaissent donc pour les pays comme un outil géopolitique pour faire valoir sa place à l’international. Ils sont un moyen de promouvoir sa nation en démontrant sa puissance économique et son rayonnement culturel. Plus qu’une vitrine, la compétition sportive est également le reflet des tensions internationales, à en regarder les différents boycotts et interdiction de participation.
Victor BONNEFOY
SOURCES
[5] https://www.la-croix.com/Sport/Organiser-JO-reste-enjeu-geopolitique-majeur-2017-08-01-1200867049
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