Petit déjeuner matinal et chaleureux entre amis à la Timonerie, un « rade » accueillant avenue Janvier à Rennes. On écoute Gwen Hamdi dire son inquiétude concernant les jeunes, confrontés en première ligne, à cette pandémie qui « plombe » nos vies.
À bientôt 52 ans pour l’état civil, directeur du 4Bis – l’ancien centre information jeunesse à Rennes – Gwen ne change pas. Toujours aussi jeune. En 1984-85, il était le plus actif des militants de SOS racisme. Ses potes l’appelaient « le Petit Beurre breton ». Surnom sympa qui le fait encore sourire. Ses origines franco-algérienne mêlées en ont fait le grand frère de tous ceux et celles qui le côtoient.
Gwen conserve cet allant et cette énergie propre à la jeunesse. D’où son inquiétude partagée avec les jeunes qui, en ce moment, sont fustigés, critiqués et, parfois même, suspectés de propager le virus. « Attention à ne pas en faire des pestiférés ». Il entend le discours de certains qui les visent et les condamnent. Un mauvais procès. À faire oublier que ces mêmes jeunes furent, pendant le confinement, généreux et volontaires pour aider ceux qui étaient dans le besoin.
Comment faire pour que cette génération ne désespère pas ? Il y réfléchit avec son équipe, écoutée par les élus et la préfète. « On va y arriver. » Gwen a gardé intacte cette foi dans « le toujours possible ». Voilà quelques années, quand, le jeudi soir, étudiants rennais et CRS s’affrontaient violemment, il sut trouver comment casser cette spirale d’affrontements en imaginant des soirées musicales et sans alcool au Liberté. « À eux, à nous avec eux, de trouver une solution. Ils sont notre avenir. »
Comment fera-t-il pour encore entretenir la flamme des jeunes qui viennent au 4Bis ou dans les quartiers où il va à leur rencontre ? « Parce qu’on m’a fait confiance quand j’avais 16 ans, aujourd’hui je leur fais confiance. Et je ne peux qu’encourager les jeunes à s’engager. Il reste tant de choses à faire… »
Yvon Lechevestrier
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