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C'est quoi un magistrat ?




La part du sensible et l’usure de l’exercice


Pour canaliser les sentiments d’empathie, la robe et le décorum, objets de solennité, protègent et offrent une distance symbolique. Cependant : « en réalité, on se prend tout dans la tête, mais la loi maintient à distance, il s’agit de l’appliquer ». Les formations sur la gestion du stress et de l’affect se développent depuis quelques années, mais il est dur d’être préparé et de parfaitement contrôler ses émotions. Également, la collégialité des délibérations en fin de procès, lorsque le juge et ses assesseurs se réunissent délibérer, est un bon moyen de combler l’influence de l’affect, surtout lorsque la collégialité est mixte. Pour autant, sachant que la très grande majorité des magistrats sortant de l’ENM (École Nationale de la Magistrature) sont des femmes, cette mixité est fragilisée. Pour autant, faudra-t-il un jour imposer des quotas pour la garantir ?




Les raisons pour lesquelles on devient magistrat appartiennent à chacun. Malgré tout, le ressenti et la façon d’assumer son activité au fil du temps peuvent se généraliser. Lorsque l’on sort de la formation de magistrat, longue et parfois fatigante en raison des stages à accomplir dans différentes villes, on est impatient d’assumer des responsabilités, de prendre les bonnes décisions, « on est à fond sur tous les dossiers ». Puis, au bout de 4 ou 5 ans, on prend conscience que la vie n’est pas que professionnelle, qu’il faut rechercher un équilibre. Donc, progressivement, on adapte son activité aux possibilités, on optimise son temps de travail. Enfin, plus tard, une certaine usure des responsabilités peut se faire sentir, car être magistrat, c’est être exposé à la critique, aux médias, à la tension nerveuse permanente. Il faut alors profiter des différents postes offerts dans l’institution pour muter afin de rester stimulé intellectuellement et de lutter contre les préjugés liés à l’habitude et le repli sur soi.

Au fond, la meilleure des solutions pour ne pas tomber dans la routine, c’est de partir.


Ronan Chérel

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