À l’heure où tout le monde parle de l’électrique, une nouvelle alternative sérieuse voit le jour. Cette nouvelle énergie n’est en fait pas si nouvelle que ça, car elle date de la Seconde Guerre mondiale, c’est le carburant de synthèse, une technologie dont la production est assez coûteuse et qui sera abandonnée à la suite de la défaite nazie.
Pourquoi refait elle surface maintenant ? L’impact écologique étant au cœur de l’actualité, on se retrouve à chercher des alternatives au carburant traditionnel qui est fossile et émetteur de trop de CO2. L’électrique ne semble pas être une solution viable du moins unique dû à sa consommation en électricité, mais aussi dû au fait le bilan carbone de la production d’une voiture électrique est plus important que celui d’une voiture thermique. Le carburant synthétique semble alors être l’un des plus sérieux concurrents du pétrole car il s’est une technique de fabrication connue, il n’émet pas de CO2 et il est compatible avec n’importe quel véhicule thermique.
Pourquoi n’est-il pas répandu ? La cause principale du fait que cette technologie ne soit pas répandue est son coût de production. Son prix tourne autour de 10 dollars ce qui est environ 5 fois plus cher que le prix de l’essence.
Venons-en à la problématique de cet article qui est, qui détiendra le monopole de cette technologie et à quel prix ?
Différents constructeurs automobiles ont décidé d’investir dans cette technologie comme Porsche, BMW et Audi. Malgré leur ressemblance, leur démarche d’investissement est très différente.
Premièrement, Porsche choisit de s’associer avec des grands groupes allemands spécialisés dans le domaine de l’énergie tels que SIEMENS Energy, AME ou ENEL et d’investir. La fabrication de ce carburant part du CO2 industriel récupéré sur une usine émettrice, qui est combiné à de l’hydrogène produit par électrolyse de l’eau, dont l’énergie provient de solaire ou d’éolien pour produire du méthanol. Un alcool facile à transporter, ensuite converti en carburant essence, qui ne contiendra aucun hydrocarbure fossile. Pour réduire au maximum le coût de production tout en émettant le moins de CO2 possible, ils décident d’ouvrir prochainement un site de production de carburant synthétique au Chili qui, malgré sa distance, comporte des avantages tels que le coût moindre du mégawattheure, mais aussi l’optimalité des conditions météorologique pour faire tourner les aérogénérateurs. L’objectif de Porsche et ses partenaires est de mettre en place cette usine en 2022 et d’atteindre, en 2026, un volume de production de 550 millions de litres et ainsi généraliser le carburant synthétique aboutir en 2030 à un prix d’environ 1,80 €.
Deuxièmement, son concurrent BMW choisit quant à lui d’investir 12,5 millions de dollars dans une start-up américaine du nom de Prometheus Fuels. Ils produisent leur carburant en extrayant le CO2 et l'eau de l'air à l'aide d'un nouveau système de capture directe de l'air. Le CO2 récupéré rencontre de l'électricité renouvelable dans une pile électrochimique appelée le réacteur de Faraday. L'électricité "charge" le carbone avec des molécules d'hydrogène de l'eau pour créer des alcools à longue chaîne, libérant de l'oxygène pur. Dans l'étape suivante, les alcools sont récoltés à l'aide du Maxwell Core, un type spécial de membrane nanotube appartenant exclusivement à Prometheus. Dans une dernière étape catalytique, les alcools sont combinés et l'eau est récupérée. Le carburant devrait être commercialisé "à un prix concurrentiel par rapport aux combustibles fossiles" dès cette année.
Troisièmement, Audi s’est associée avec deux start-ups qui sont Joule aux Etats Unis et Global Bioenergies en France depuis déjà 10 ans. Joule fait produire directement du carburant par des cyanobactéries génétiquement modifiées, qui réalisent une sorte de photosynthèse en combinant le carbone du CO2 (récupéré de l’industrie) et l’hydrogène de l’eau. Global Bioenergies produit du carburant basé sur du glucose de maïs et du blé. Ces 2 voies assez différentes donnent pourtant un carburant aux avantages similaires. La production de ces carburants est toujours à l’étape de laboratoire même si leur production pourrait s’accélérer rapidement.
Différentes firmes sont alors activement en train d’investir dans cette technologie, la majorité sont allemandes car c’est elles, historiquement, qui maîtrisent la production. Mais certaines se sont associées avec des start-ups étrangère en France ou aux USA qui se consacrent entièrement à ça. Le projet le plus concret est celui de Porsche qui s’est associé avec des compagnies allemandes importantes et qui décide de délocaliser sa production en Amérique du Sud, on pourrait penser que ce serait donc la firme de Stuttgart qui serait le principal acteur de ce marché avec en parallèle BMW qui pourrait les rejoindre. Ce seront alors les constructeurs allemands et donc européens qui auraient la maîtrise du marché.
Jules LEJAS
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